C'est ce matin, alors que j'émergeais difficilement d'une nuit de sommeil toujours aussi écourtée par toujours le même rituel provoqué par toujours le même coupable, monsieur Indy notre chat qui a toujours le don de se réveiller une demie heure avant le réveil et qui décide de prendre sa place, que j'ai allumé la télévision comme tous les matins après le départ de ma chérie. Et comme tous les matins, ce sont les infos qui sonnent le top départ de ma journée et c'est entre une Irlande à sec et une nouvelle histoire de guerre urbaine à Marseille que mon attention s'est attardée.

http://media.koreus.com/201010/mario-sauvetage-mineurs-chiliens-mini.jpgEffectivement, on nous annonce que les chinois se mettent à sauver eux aussi des mineurs coincés. Oui parce que c'est devenue une mode de remonter des mineurs, chaque pays veut son sauvetage médiatisé, les pays qui exploitent la main d'oeuvre quasi gratuite veulent faire de leurs exploités des héros nationaux. Les chiliens l'ont fait après tout. Faut dire que laisser 33 pauvres gars au fond d'une mine, ça fait assez important pour se décider à s'en occuper. Alors je ne remet nullement en question les motivations du sauvetage et toute la volonté pour vraiment les sauver, je constate seulement que depuis le 13 octobre, on peut lire et entendre aux infos qu'on remontent un peu partout des mineurs aux quatre coins du globe alors qu'avant le 5 Aout, date à laquelle l'aventure chilienne à débuter, on en avait purement et simplement rien à carrer de vouloir sauver des mineurs ou du moins, d'en informer le téléspectateur ou le lectorat quotidien. Seulement voilà, ils ont fini par se rendre compte qu'un mineur sous la terre, ça fait vendre, ça provoque de la compassion et de l'admiration, ça fait de l'audience et tout le monde avait braqué son petit souffle vers nos 33 petits Mario à lunettes estampillés Oakley qui en a profité pour faire un coup de pub planétaire (à 450$ la paire sur le nez de 33 chiliens le tout retransmis sur toutes les télés du monde, suffit d'imaginer le coup marketing monstrueux qu'à pu faire la marque).

Du coup, alors que j'ai pu lire ce midi que Brad Pitt voulait faire un film de l'épopée chilienne (
à lire ici), on fini par se demander si dame nature n'aurait pas décidé de malmener toutes les mines mondiales depuis fin octobre.

Cet après midi, au
Surinam, on peut lire que sept mineurs sont morts après l'effondrement d'une mine d'or. Le 16 octobre, soit trois jours après nos stars chiliennes, l'Equateur entre dans la danse avec l'annonce de la mort de deux de leurs mineurs avec un espoir pour deux autres. Et évidemment, n'oublions pas nos 29 mineurs néo-zélandais toujours dans l'incertitude d'être sauvés sans parler des 29 autres de la team China qui sont finalement sortis du calvaire.

Encore une fois, heureusement que tout ce petit monde est sauvé, mais ça prouve encore et toujours que ce sont les médias qui mènent la danse mais le plus malheureux dans tout ça, pour ne donner qu'un exemple, si la cause des mineurs dans le monde était si importante, en 2009, rien que pour la Chine, on aurait dû apprendre tous les jours la mort en moyenne de sept chinois par jour (2 631 mineurs tués pour cette seule année). Or, si ma mémoire est bonne, en 2009, les journaux télévisés en avait strictement rien à foutre. J'aurais pu faire ce calcul avec les 12 000 morts chaque année (approximativement) dans les mines mondiales mais ça aurait été malsain.

Comme quoi, il suffit de 33 courageux accrochés à la vie dans près de deux mois de calvaire pour que la planète décide d'aller chercher leurs mains d'oeuvres pour remonter la popularité d'un seul homme et de braquer tous les yeux avides de sensations sur le dos d'une condition de vie de plus en plus inconcevables à l'aube de 2011.

C'est sur cette phrase terriblement tragique que je vais aller voir dans mon lit si j'y suis en vous souhaitant tout de même une bonne nuit ^^